Nous avons quitté Chengdu pour quelques jours, dans le but de rejoindre la ville de Leshan afin d’y faire nos extensions de visas, puis d’aller randonner sur le Mont Emeï, un mont sacré du bouddhisme tout en escaliers, qui culmine à 3079 mètres d’altitude.
Jour 108, mardi 30 octobre : Demande de visa et visite du bouddha géant à Leshan
Nous avons été bien conseillés de faire notre demande de prolongation de visa à Leshan : les procédures y sont simplifiées, et les délais d’obtention raccourcis. Au lieu des sept jours ouvrés nécessaires à Chengdu, le Public Security Office du coin délivre l’extension en 24h, et il n’est pas très scrupuleux. A Leshan, pas besoin de justifier de ses ressources avec un relevé bancaire, ou de rendre des comptes sur les moindres étapes de notre périple: on fait quelques démarches, on paye, et hop, on peut rester un mois de plus. A la limite, la chose la plus difficile est de trouver la bonne administration où remplir et soumettre notre demande !
Pour patienter alors que notre dossier d’extension a été soumis, nous allons voir la grande attraction touristique de Leshan : son bouddha géant. Il s’agit d’une sculpture d’un bouddha taillée dans une falaise surplombant la rivière Min. Les proportions de la statue, 71 mètres de haut et 28 mètres de large en ont longtemps fait le plus grand bouddha du monde.
Il est possible d’observer le gros bouddha depuis la rivière, en prenant un bateau, ou à pied, en passant par un parc doté de temples. Nous choisissons la deuxième option, la marche à pied, mais c’est la déception : le bouddha est en réfection, et nous n’avons pas accès aux pieds du bouddha, où des escaliers permettent de prendre la mesure de son imposante carrure.
A la place, on s’agglutine avec d’autres touristes, mais nous n’arrivons à voir que son torse et sa tête, certes plutôt imposante elle aussi, avec des oreilles de 7 mètres de long dans lesquelles nichent des oiseaux. Le reste du parc se révèle lui aussi un peu décevant : il n’y a pas grand-chose à y voir car des temples sont fermés pour travaux eux-aussi, et l’ensemble manque de naturel.
Bilan : non seulement c’est assez cher, ce gros bouddha et son parc (80 yuans, soit 10 euros) et en plus ça n’est pas follement intéressant. C’est cher pour une attraction à moitié fermée, d’autant que la guichetière n’a pas voulu me faire la réduction étudiante quand je lui ai présenté ma carte vitale. Pourquoi la carte vitale ? Parce que j’ai laissé ma carte étudiante (presque périmée) dans les sacoches de mon vélo et que les chinois ne savent pas vraiment faire la différence… Après tout, pourquoi serions-nous les seuls à nous faire arnaquer ?
A la sortie du parc, nous traversons un bâtiment ancien, qu’on présente comme un village de pêcheurs, et qui semble constitué d’un seul tenant.
Des restaurants y exhibent vivants des curiosités à déguster, tels de grandes salamandres et des tortues à carapace molle, animaux par ailleurs en principes protégés et dont la pêche est interdite…
Jour 109, mercredi 31 octobre : Visas en poche, et ascension du Mont Emeï en tête
Après une petite visite au Public Security Office de Leshan, nous voilà en possession de nos nouveaux visas chinois, d’une durée d’un mois. Nous n’avons pas besoin d’autant, puisque nous comptons arriver au Vietnam à la mi-novembre, mais c’est si généreusement offert !
Nous pouvons désormais mettre le cap sur le Mont Emeï et la ville d’Emeïshan, pour une nouvelle randonnée de marches, dans la jungle. Cependant, il ne s’agit plus de monter quelques mignonnes 4000 marches en 2h30 comme au mont Hua mais d’en grimper 30 000 à travers la jungle peuplée de singes et sur deux jours, en dormant dans un temple à mi-chemin.
Le plus aventureux, c’est encore d’atteindre la ville d’Emeïshan, et de trouver notre hébergement, mais je vous passe les moult tracas des guichets chinois où l’on a du mal à se faire comprendre, des quais que l’on a du mal à trouver, du bus qui ne dépose pas à la gare que l’on pensait, des villes étendues toutes en longueur, des transports en communs dont on ne trouve pas les arrêts, les plans des bus inexistants… Heureusement, nous avons le GPS Osmand et une nouvelle technique, qui a fait ses preuves à Leshan : il suffit de monter dans un bus qui va dans la direction voulue et de suivre son trajet sur le GPS, puis de descendre quand on est assez près de l’endroit où l’on veut se rendre. Ça marche à chaque coup, et ça nous a plusieurs fois évité le taxi et ses arnaques, monnaie courante dans les coins touristiques.
Il est déjà tard quand nous atteignons notre auberge de jeunesse, curieusement appelée Teddy Bear et encore plus curieusement entièrement décorée par des peluches et des représentations – moches – d’ours (alors que la montagne est connue pour ses singes, soit dit en passant). Nous cherchons quelques renseignements auprès du personnel de l’hôtel, mais abandonnons vite l’idée devant leur franche absence de volonté de filer le moindre coup de main doublée de leur méconnaissance de la randonnée. En effet, ici comme ailleurs, le défi sportif n’est pas le fort des chinois qui ne font pas le trajet à pied mais préfèrent monter en bus puis prendre un téléphérique. Une réceptionniste fait ainsi des grands yeux quand je lui dis que nous allons monter à pied, puis estime à plus de 17 heures le temps de trajet (qui est en réalité de 12h) et enfin nous donne une carte qu’on dirait dessinée à la main, sans échelle ni précisions aucunes.
Jour 110, jeudi 1 novembre : Premier jours d’ascension du Mont Emeï, des marches, des marches, des singes et un temple
Nous nous réveillons à l’aube pour notre premier jour de randonnée sur le Mont Emeï, car la route est longue jusqu’au temple dans lequel nous envisageons de dormir, et il nous faut y parvenir avant la nuit. Nous avons à faire en tout 3300 mètres de dénivelé, et idéalement le plus possible dans la première journée, afin de voir le lever du soleil au sommet du mont le lendemain.
Nous hésitons un peu sur les affaires à prendre, puisque nous n’avons qu’un sac (correct) pour deux. Nous ne prendrons pas de duvet, en comptant sur les dortoirs des temples pour être munis de couvertures, et nous cherchons à nous alléger au minimum pour préserver le dos de ce pauvre Victor, sherpa tout désigné. Et en Chine, si on mange bien au restaurant, il n’est vraiment pas facile de composer un pique-nique ! Au menu ce sera donc des fruits, des œufs durs (cuits dans la bouilloire de l’auberge : ça marche très bien), du tofu pimenté sous vide, des racines de lotus sous vide, deux trois tomates et du pain de mie (qu’on découvrira malheureusement sucré). Nous complétons avec des fruits séchés et des graines, et pour l’eau, nous avons nos gourdes avec filtre pour nous ravitailler sur le chemin. Nous comptons sur le temple pour le repas du soir, et nous savons qu’il y a des échoppes le long du chemin en cas de besoin, même si les prix sont prohibitifs.
Et nous voilà partis au petit jour. Nous suivons d’abord une route goudronnée, où nous nous faisons doubler par des bus qui rallient l’entrée du parc. Nous aurions pu les prendre pour économiser quelques kilomètres, mais on est marcheur ou on ne l’est pas. Nous arrivons ensuite aux guichets de l’entrée du parc national. Hé oui, comme tous les parcs (et tout le reste) de la Chine, l’entrée est payante, et relativement chère, en plus ! Mais curieusement, les barrières sont ouvertes et le guichet a l’air abandonné. De plus il n’y a vraiment personne sur le chemin… En l’absence d’informations, nous nous demandons si nous n’avons pas pris un chemin de traverse, et si l’entrée n’est pas ailleurs. Sommes-nous en train d’entrer illégalement dans le parc ? A cette idée nous sommes tout contents : chic, en voilà une belle économie !
Le petit chemin de pierre qui serpente dans la forêt est plutôt agréable, avec ses petits airs de jungle, et les volées de marches sont relativement espacées, ce qui permet une progression douce vers les hauteurs. La montagne n’est pas inhabitée, nous entendons la rumeur d’enfants qui jouent, et croisons parfois des habitations, où les gens sont occupés à travailler.
Nous voyons d’ailleurs nos premiers vrais villages chinois au sens classique du terme : quelques vieilles habitations aux murs de pierres et toits de tuiles, et pas des carrés bitumés comme partout ailleurs. Nous trouvons aussi une échoppe où nous achetons des bâtons de marche, en fait de simples tiges de bambou taillées, mais qui se révèlent bien pratiques. En principe, ces bâtons sont utiles pour s’aider dans la progression, mais aussi pour se défendre des singes du mont Emeï, qui ont la réputation d’être agressifs.
Nous sommes supposés rencontrer ces singes, les macaques du Tibet, dans une zone un peu plus haut, appelée la « Wild Monkey Zone », où les touristes viennent les observer et leur donner à manger. Avec l’habitude, les singes sont devenus entreprenants, ils n’hésitent pas à sauter sur les gens, les fouiller et leur voler tout ce qui ressemble de près ou de loin à de la nourriture. On nous a prévenus que les singes peuvent même montrer les dents et devenir agressifs si on ne leur donne rien, d’où les bâtons, même si en principe c’est le personnel du parc qui est là pour gérer les problèmes liés aux singes.
Après une heure de marche, entourés de la brume du matin et des plus beaux temples que nous ayons vu depuis le début de notre voyage, nous arrivons devant un second guichet.
Ah, on se disait bien aussi qu’il fallait bien payer à un moment donné ! Il n’y a toujours aucun touriste à l’horizon, mais le guichetier et un vigile nous indiquent les tarifs. Nous retentons le coup de la carte vitale/ carte étudiante, et cette fois-ci, ça marche ! Ce sera plein tarif pour Victor (qui ne sait pas où il a mis la sienne) et demi-tarif pour moi grâce à ma protection médicale. Le guichetier a bien l’air d’avoir un doute sur l’authenticité du document, mais il est rassuré par le fait qu’on n’en ait une seule et pas deux. Cette fois-ci, ce n’est pas nos empreintes digitales qu’on prend pour entrer dans le parc, mais une photo de nos têtes, pour des raisons – un peu obscures, certes – de sécurité. Et hop, nous sommes passés : à partir de ce moment, nous avons droit à 48h dans la montagne, à nous les marches, les singes et le sommet !
Nous traversons d’abord la fameuse zone qui s’appelle « Wild Monkey Zone » où sont supposés se trouver les terribles singes voleurs de bouteilles d’eau, montreurs de dents, et dont d’innombrables pancartes préviennent qu’il ne faut pas s’approcher « no matter how cute they are ». La zone est pour ainsi dire à double attraction : les touristes sont attirés par les singes, qu’ils attirent avec de la nourriture. La nature curieuse ou voleuse des singes est exploitée par de petits malins qui prennent en photo les singes lorsqu’ils ont bondi sur les touristes pour les fouiller, puis revendent le cliché aux touristes dépouillés mais ravis.
Impressionnés par les panneaux qui multiplient les avertissements, nous resserrons les doigts sur nos bâtons de bambous et scrutons la jungle d’un œil inquiet. Mais il n’y a rien ! Nous sommes en morte saison et la zone est vide à la fois de touristes et de singes : le phénomène de double attraction ne fonctionne donc pas. Nous sommes un peu ambivalents vis-à-vis de tout cela, à la fois rassurés de ne pas avoir à repousser des hordes de singes affamés en mode « Livre de la jungle » et un peu déçus de ne pas pouvoir les observer.
Nous continuons notre randonnée après une petite pause goûter parmi les quelques touristes qui cherchent les singes, puis, un peu plus loin, ce sont les marches, les vrais, qui commencent, montant tout droit dans la montagne. Et curieusement, désormais, il n’y a plus personne !
C’est vrai que, on ne va pas se le cacher, 30 000 marches, c’est un peu long. Après les 5000 premières, la découverte de nouveaux escaliers interminables à chaque tournant de la montagne a des côtés un peu décourageants.
Et une fois qu’on a fini les marches, qu’est-ce qu’il y a ? D’autres marches. Et ensuite ? Des marches. Et après ? Des marches. Et à la fin, des marches encore ? Non. Des escaliers.
A 16h30, nous décidons de nous arrêter: nous avons bien avancé, mais nous sommes rincés et la nuit commence à tomber. C’est embêtant car nous ne sommes pas encore au temple où nous projetions de dormir, à 2h30 de marche(s) du sommet, et qui nous permettait d’aller voir le lendemain le lever de soleil sur le Mont Emeï. Mais il y a un autre temple dont nous a parlé un australien rencontré sur la route, Gavin, le temple de « l’Eléphant dans son bassin » ou quelque chose comme ça, qui a l’air fort sympathique.
Nous décidons de nous y arrêter, même si cela veut dire que nous ne verrons pas le lever de soleil demain, puisqu’il reste 4h de marche jusqu’au sommet du mont Emeï et que nous n’avons pas follement envie de nous lever à 3h du matin. Dans le temple de l’Éléphant, nous retrouvons les quelques randonneurs croisés dans la journée, trois anglaises et leur ami néozélandais, une italienne, Alessia, et l’australien susmentionné.
Et qui rencontrons nous enfin ? Les macaques du Tibet ! Mais ils ne sont pas du tout en train de nous agresser, non, ils vivent leur petite vie, s’épouillent, se disputent ou se dorent tranquillement dans un rayon de soleil de la fin de journée.
Le temple est un imposant ensemble de bâtiments, où les dortoirs ne sont pas mixtes, mais où l’absence de l’homme pour se réchauffer est agréablement compensée par la présence de couvertures chauffantes. Le confort sinon, est spartiate : les toilettes sont matérialisées par des trous séparées par des murets d’un mètre sur un mètre dont on se demande bien quelle est l’utilité, et l’odeur qui en remonte est prodigieusement infâme.
Nous mangeons le bon repas végétarien des moines à 17h en écoutant Alessia, qui vit en Chine depuis 3 ans, nous expliquer plein de choses sur le pays. Au contraire des touristes, les expatriés ne souffrent pas du mal du pays que nous appelons l’agorasinophobisme (pour ceux qui ne connaissent pas, on en parle ici), car ils sont d’une part habitués à ce qui nous semble difficilement supportable, et d’autre part, ils sont en mesure de le comprendre. Alessia nous explique par exemple que les chinois ont un rapport à l’espace vital différent du nôtre parce qu’ils sont habitués depuis tout petits à être tout le temps les uns sur les autres. Elle le voit bien à l’école dans laquelle elle enseigne l’anglais, et c’est donc en riant plutôt qu’en s’agaçant qu’elle raconte une anecdote où une femme s’est assise à moitié sur elle dans une salle d’attente, quitte à lui faire mal à la jambe.
Et ensuite, personne ne tarde à se mettre au lit, car le lendemain, les moines sonnent le gong à 6h.
Jour 111, vendredi 2 novembre : Deuxième jour d’ascension, des marches, des touristes et un autre bouddha géant
A six heures moins cinq (pas très ponctuels, ces moines) nous sommes réveillés par la messes des moines bouddhistes. Ils tapent sur des tambours et des cuivres, et entonnent différentes mélopées : c’est un réveil à la fois original et apaisant. Nous mangeons rapidement un déjeuner, qui est l’exacte copie du menu de la veille au soir (choux vapeur, chou mariné au piment, nouilles sautées, racines de « on ne sait quoi » pimentées) sauf que le riz a été remplacé par de la bouillie de riz.
Nous partons ensuite en compagnie d’Alessia et Gavin pour en finir avec nos 30 000 marches et enfin atteindre le sommet. Dans les marches environnées de brumes, tout est calme, tranquille, serein, et seuls les singes, sont les témoins de notre départ.
Et nous revoilà partis pour des volées de marches tout droit à travers la montagne, en direction du sommet. C’est peut-être encore plus dur le matin, avec le ventre plein et la fatigue de la veille, d’autant plus que les escaliers sont raides et que Victor a déjà réussi à perdre son bâton de marche mais accuse vicieusement un singe.
Mais bientôt, c’est pire. En effet, nous avons atteint le haut de la première partie de la montagne, et rejoint la route, où commencent à s’entasser un nombre incalculable de cars qui montent les touristes depuis Emeïshan.
Tout à coup, nous sommes projetés dans un flot grouillant, gesticulant et bruyant de touristes, qui tranche cruellement avec la sérénité de notre réveil dans la brume et le silence de la montagne. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, nous voilà à deux doigts de la crise d’agorasinophobisme, d’autant que les singes sont là eux-aussi, mais offrent un bien pathétique spectacle.
Ils sont dressés sur des rochers à quelques mètres des touristes armés de leur smartphone qui leur lancent toute sorte de nourriture et cherchent à se prendre en selfie avec eux. Ce qui les amuse le plus : donner la nourriture – yaourt, boisson lactée sucrée ou brioches – encore emballée dans plusieurs couches de plastique, pour voir les singes s’acharner à ouvrir les sacs et à déchirer les emballages avec les dents. Évidemment, tous les déchets restent sur le sol où les singes, peu écolos, les abandonnent quand ils ne les balancent pas dans le vide derrière, et merci pour la nature. Écœurés par ce spectacle, nous accélérons la cadence pour nous extirper de la foule qui prend le chemin du téléphérique.
Et nous continuons à monter nos escaliers, mais nous ne sommes plus seuls au monde, beaucoup de chinois font aussi l’ascension, dont certains en chaussures du dimanche et même talons aiguilles pour les plus audacieuses. L’ensemble prend donc des airs de queue-leu-leu qui rend l’ascension moins agréable, mais le sommet n’est plus très loin. Nous recroisons les anglaises, et apprenons que ces courageuses jeunes filles sont parties à 3h du matin du temple pour voir le lever de soleil. Leur récit de l’ascension en solitaire nous donne envie, à part les mentions du froid polaire qu’il faisait.
Nous débouchons sur une esplanade et là nous découvrons une immense statue de bouddha dorée brillant de mille feux. Le moins qu’on puisse dire, c’est que c’est éblouissant, au sens propre comme au sens figuré.
Après avoir fait le tour du mont, nous distinguons un autre pic, sur lequel un petit temple a poussé en solitaire. D’après notre carte, un simple bout de papier avec des dessins, il y a un monorail qui y mène, et peut être un chemin, mais ça n’est pas très clair. Nous décidons d’y aller, et y donnons rendez-vous à Alessia et Gavin pour le pique-nique.
Cependant, on tourne, on cherche, mais pas de chemin et la gare du monorail est désaffectée. Ça doit faire au moins 10 ans qu’il ne circule plus, mais nous décidons de suivre son tracé : il doit bien mener au temple ! Sur le petit chemin désert qui longe le monorail, nous retrouvons enfin de la tranquillité, mais aussi de la difficulté.
C’est que nous, on s’y est habitué aux chemins de randonnée en pierre bien sculptées et balayées, avec des rampes ou des chaînes. Là, il nous faut à nouveau choisir où l’on met les pieds, faire attention aux creux, aux bosses, aux racines, c’est ha-rra-ssant. Nous croisons deux militaires qui marchent directement sur les rails du monorail, et, fustigeant notre manque de jugeote, nous leur empruntons leur judicieuse idée.
Après une heure de marche, nous sommes en vue du temple, mais il est entouré d’une végétation si dense qu’on ne peut pas s’approcher très près. Nous trouvons un coin sympa pour pique-niquer, ce qui atténue un peu la sensation d’être venus pour rien et nous redonne un peu de forces.
Alors que l’après-midi progresse et que la brume n’en finit pas de monter, cachant le bouddha doré à notre vue, nous hâtons la cadence pour redescendre du Mont Emeï jusqu’à la station de bus, afin d’arriver assez tôt à Emeïshan pour ne pas manquer notre correspondance pour Chengdu. Au pas de course, nous doublons presque tout le monde (mais nous sommes doublés par Gavin, redoutable en descente), dont des chinois un peu bourrés – ou seulement très cons – qui veulent nous prendre en photo, pour nous ajouter à leur collection, entre les singes et le bouddha en or. Merci, mais on n’est pas de macaques !
A la sortie du parc, on nous reprend en photo, et sur un écran apparaît notre premier cliché : on était rudement mieux coiffés. Nous ne comprenons pas bien en quoi c’est important niveau sécurité de faire une photo des visiteurs du parc à l’entrée et à la sortie, à part pour faire d’amusants avant/après, mais on se laisse faire. Ensuite, nous sommes dirigés vers une salle d’embarquement pour les bus. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le personnel du parc sait gérer les flux touristiques : en deux temps trois mouvements, nous sommes orientés vers le bon couloir, puis le bon bus, qui se remplit en quelques minutes et part illico. Et les bus s’enchaînent ainsi toute la journée sans un couac. Le seul reproche qu’on puisse leur faire: ils me confisquent mon précieux bâton en bambou, de peur, peut être, que j’en fasse une arme. Et c’était exactement mon idée : en faire une matraque pour repousser les chiens agressifs quand nous aurons repris le vélo en Asie du Sud Est.
Ensuite nous changeons de bus pour rentrer à Chengdu, un peu fatigués certes, mais sous le charme de la vie monacale et fiers de nos 30 000 marches vaillamment grimpées ! Et encore plus fiers d’avoir pensé à nous étirer, ce qui nous évitera les trois jours de terribles et douloureuses courbatures que nous avait valu l’ascension du Mont Hua.
Après Emeï, nos passerons quelques jours à Chengdu, avant de prendre enfin la direction de Guilin dans le Guangxi, où nous retrouverons nos vélos, et, enfin, le voyage à vélo!
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