Jour 40 : jeudi 23 août, 82km, 116m de dénivelé : promenade entre mer et forêt
Après notre break en break avec les parents Tindon, c’est déjà l’heure de se quitter. Nous reprenons la route, reposés, rassasiés, remplumés. Nous allons pourtant tous au même endroits : Tallinn. Cependant, Nicole et Christian, qui doivent y prendre leur avion le lendemain, vont avaler les 100km qui séparent Haapsalu de Tallinn en moins de deux heures, alors que nous prenons deux jours pour faire 175 km en suivant l’Eurovélo (10 et/ou 11) qui longe la mer Baltique.
Avec Victor, nous quittons donc la mignonne ville côtière d’Haaspalu (après avoir oublié auprès d’un serveur très sympa et de son restaurant délicieux nos malheurs du moulin de Kurressare) en longeant sa promenade du bord de mer. De jolies sculptures en bois, dont notamment un ours polaire, nous regardent faire depuis leurs rochers plantés dans l’eau. Ce sont toutes des copies, les originaux ayant été détruits ou brûlés par les allemands pendant la seconde guerre mondiale, mais ils donnent une ambiance amusante à la ville, qui sinon a l’air un peu triste, déjà désertée par sa population saisonnière.
L’Eurovélo route est agréable, car ce pays est définitivement plat, et les voitures sont tout aussi rares que respectueuses des vélos. Nous voulons quand même préciser, notamment à l’adresse de peut-être futurs aventuriers à deux roues qui seraient tentés par la promenade, que si elle « longe » la baltique comme on le dit, ce n’est pas nécessairement au bord de l’eau, comme je l’avais naïvement supposé. Non, la plupart du temps, elle la longe plutôt à distance, et en lieu et place de paysages maritimes, nous avons plutôt droit à des paysages forestiers. C’est sympa les forêts de pins, mais on s’y sent moins sensibles à force de répétition… Cependant, il y a à cela au moins un avantage : on roule presque toujours sur du goudron, et pas dans du sable, comme sur l’audacieuse Green Vélo polonaise…
Sur une trentaine de kilomètres, la route, qui suit divers axes goudronnés, grands ou petits, n’a rien d’intéressant, jusqu’à ce que nous rentrions dans une jolie forêt de pins bien préservée (qui abrite à priori des élans). On sent et on entend la mer : Victor nous trouve un passage à travers la forêt qui nous permet d’accéder à notre première « vraie » plage de sable fin. C’est bien joli mais nous résistons à l’envie de nous baigner quand tremper un orteil dans l’eau nous fait dresser tous les cheveux sur la tête.
L’endroit cependant nous plaît bien, et nous décidons de trouver un coin identique pour bivouaquer le soir face à la mer. Le camping sauvage en Estonie est autorisé partout, à part en ville, et à moins qu’un panneau indique clairement le contraire : dans ces conditions, c’est plutôt facile de se trouver un petit coin de paradis. Demain, nous serons donc réveillés par le doux bruit des vagues.
Jour 41 : vendredi 24 août, 93km, 221m de dénivelé, de la mer frisquette à la belle Tallinn
Hé bien non, pas de réveil au son des allers et venues des vagues, car ce matin, la mer est d’huile ! Elle est même si plate qu’on pourrait penser que nous campons en fait près d’un gros lac, impression renforcée par la présence de canards, cormorans et cygnes. Ces derniers qui barbotent innocemment étonnent grandement Victor, qui croyait que ces oiseaux blancs ne se trouvaient que sur les lacs, et ne pouvaient aller dans l’eau salée (quelle est l’origine d’une telle croyance ? Mystère, un rapport salinité flottaison déficitaire peut-être).
Nous emballons nos affaires et prenons la route de Tallinn, encore à plus de 90km vers l’Est, mais, après 50km de route, l’appel de la mer se fait trop fort. Nous trouvons à nouveau une plage perdue dans la forêt (la plus blindée de l’Estonie, au moins 20 personnes sur 500 mètres !) et cette fois-ci, c’est baignade. L’eau est fraîche mais heureusement le soleil tape, ça compense un peu, comme qui dirait !
Quarante kilomètres plus loin, c’est enfin Tallinn ! L’entrée dans la ville n’a rien à voir avec celle de Riga, très désagréable car nous avions dû emprunter de grands axes très chargés en psychopathes du volant. Non, non, on peut entrer à Tallinn en suivant gentiment des pistes cyclables, et en passant à travers des petits parcs. C’est sans doute à cause de notre mode de transport, mais nous avons tendance désormais à juger une ville en fonction de la place qu’elle réserve aux piétons et aux cyclistes : et là, nous sommes déjà charmés, ce qui ne fera qu’aller en s’accroissant. Mes parents nous ont offert (en redoutant que nous ne nous mouillassions sous les intempéries prévues par la météo) un air bnb pour deux nuits, qui se trouve dans le beau quartier de Kalamaja. Nous y allons dès notre arrivée, histoire de nous débarrasser des biclous qui ne roulent pas bien dans cette ville aux rues pavées. Nous découvrons le joli quartier de Kalamaja, fait de grandes maisons en bois peintes et qui jouxte le centre-ville mais aussi les docks.
C’est Marika, la mère de notre contact bnb qui nous accueille dans la rue, ou plutôt qui nous attrape dans ses bras pour nous faire à chacun un gros câlin. On a dit que les Estoniens étaient froids ? Il va falloir réviser ce jugement. Mère et fille sont adorables, le air bnb très bien, et Marika nous a même dessiné une pancarte « bienvenue » en nous attendant.
Nous lâchons nos vélos après notre longue journée et nous allons à la découverte d’une ville vraiment super, qu’on décide de placer en premier dans notre top 3 des villes européennes visitées au cours de notre voyage !
Notre petit top 3 des villes européennes |
||
1 | Tallinn | Estonie |
2 | Regensbourg | Allemagne |
3 | Wroclaw | Pologne |
Jour 42, samedi 25 août : à la découverte de la belle Tallinn
Ce matin, nous prenons notre temps pour nous lever et déjeuner, car on se sent chez Ainkarin et Marika un peu comme à la maison. Et aussi, manque de chance, je suis malade ; j’aurais dû me méfier des eaux glacées de la Baltique !
Nous commençons par nous rendre dans le quartier de Telliskivi, un quartier qui jouxte le vieux centre et qui est renommé pour son côté hipster. Nous avons de la chance de tomber le jour d’un festival, lui-même hipsterissime, mélange de street food festival, marché aux puces et dj set !
On en profite pour se balader et se restaurer, tout en remarquant que même si tout le monde rivalise d’ingéniosité niveau vestimentaire, c’est quand même nous qui nous démarquons le plus avec nos doudounes fluos.
Le reste de la journée se partagera entre découverte de la vieille ville haute puis basse, agréable héritage médiéval fait de tours, de remparts, et de grandes maisons susceptibles de rappeler le style allemand (de Regensbourg par exemple).
C’est étrange, car si Tallinn est la ville la plus éloignée de notre périple, et notre dernière étape « européenne » avant la Russie, elle nous paraît bien plus proche et familière que beaucoup d’endroit où nous sommes passés.
Le soir, et sur les conseils de notre hôte, nous nous rendons sur les docks, car on y fête les 100 ans de l’indépendance des pays baltes (c’est collectivement célébré par l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne et la Finlande). Il y a un grand feu de joie, des concerts, et on peut monter dans de grands bateaux militaires.
Jour 43, dimanche 26 août : Tallinn encore, on ne s’en lasse pas!
Aujourd’hui, c’est dimanche, en principe le jour de notre départ vers la Russie, mais on traine la patte… Nous avons encore envie de profiter de Tallinn, si belle et agréable, et en plus, je me sens pour ma part incapable de pédaler avec mon rhume et mon angine. Nous demandons donc une rallonge d’un jour à notre hôte, qui non seulement accepte, mais nous fait une réduction sans même qu’on le lui demande, puis finit par nous proposer de rester une quatrième nuit, gratuitement. Je crois qu’on lui fait un peu de peine à être malade et à partir à vélo, mais en tout cas, nous sommes touchés par tant de gentillesse !
Nous en profitons donc à nouveau pour rester au lit et guérir, puis l’appel de la ville se fait trop fort !
Nous repartons nous délecter des jolies rues de la vieille ville, puis nous allons nous cultiver dans le musée des Occupations, qui relate les différentes occupations subies par les Estoniens (russes, allemandes, soviétiques), tout en s’interrogeant très philosophiquement sur le concept de liberté. C’est un musée très intéressant, bavard parfois, (l’audio guide cause souvent pendant 20 minutes d’affilée à chaque salle sur trois étages), dur souvent, surtout quand il aborde les années 1940 et 1950, le massacre des juifs pendant la guerre, puis la déportation des estoniens par milliers en Sibérie pendant l’occupation soviétique. C’est d’ailleurs sur cette période que le musée se concentre, en abordant la vie sous cette période très contrôlée, les acceptations et les résistances.
Nous sommes sages et nous rentrons tôt pour nous reposer, car le lendemain, nous prendrons le chemin de notre première destination hors Europe, la Russie, qui nous fascine autant qu’elle nous intrigue, nous ouvre les portes de l’Asie, fait naître en nous des sensations aussi variées que l’excitation et l’appréhension…
Laisser un commentaire